Quand j’ai commencé à m’intéresser aux garçons, j’avais 12 ou 13 ans. Malheureusement pour moi à cette époque, ma mère m’avait interdit de sortir avec des gars avant 16 ans. 16 ans, vous vous imaginez!? Ça me semblait tellement injuste! Comment était-ce humainement possible d’attendre jusqu’à 16 ans avant de vivre ma première histoire d’amour? Pas une histoire comme celles qui étaient dans ma tête depuis belle lurette, mais une vraie histoire, avec un vrai gars, des vrais papillons et des vrais gazouillis d’oiseaux. Avec du recul et maintenant que je suis mère, je peux vous assurer que ma fille Lily-Rose devra attendre au moins jusqu’à ses 18 ans pour avoir notre bénédiction! Comment dites-vous? Je vis dans l’illusion? Bon ok, vous avez raison, je suis un peu mère poule et je vis dans l’illusion. Je l’avoue.
J’utilise le mot « illusion » parce que vous savez comme moi que l’appel du cœur est plus fort chez les adolescents que peut l’être la raison. Hé oui, maman, j’ai eu des petits amoureux avant mes 16 ans… je suis vraiment désolée de t’apprendre ça! Le pire dans tout ça, c’est que je suis à peu près certaine qu’elle me dirait à cet instant même qu’elle le savait… les mères savent tout et voient tout!
Quoi qu’il en soit, je comprends mieux mes parents, maintenant que je suis mère, de vouloir retarder ce moment. C’est bien certain qu’on ne veut pas voir nos enfants vivre des peines d’amour. Une peine d’amour ça fait mal, ça brise un petit cœur et ça laisse des marques. Voir nos petits choux tristes est carrément insupportable. À ce propos, je me demande si je vais vouloir péter la gueule du garçon qui va briser le cœur de ma fille la première fois. Mais non, mais non, c’est une blague, je ne suis pas violente. Je vais laisser Olivier s’en charger!
On sait aussi que les gars de cet âge-là ne pensent qu’au sexe. Je ne vous apprends rien, pas vrai? C’est comme si soudainement, leur cerveau numéro deux – développé depuis peu et oh combien fonctionnel – s’emballait et prenait possession de tout leur être. Il n’y a que ça qui compte!
Par contre, du côté féminin, c’est plus l’expérience de tomber en amour qui est attirant. Les filles sont amoureuses de l’amour.
Elles veulent vivre ça comme dans les films : la grosse déclaration d’amour, s’imaginer qu’elles sont les seules à avoir volé le cœur de leur copain, les balades main dans la main sur un coucher de soleil, les regards tendres et amoureux, les feux d’artifices au toucher, les papillons dans le ventre… ah comme c’est beau! Je ne sais pas si c’était comme ça pour vous, mais ça l’était en tout point pour moi!
En tant que parents, on sait que nos enfants ne sont pas assez matures pour penser aux conséquences des relations amoureuses. On n’a qu’à penser aux flirts qui brisent l’estime de soi des adolescents. À cet âge, les relations se terminent souvent en larmes, car on prend cet échec de façon très personnelle. Par amour, on se met rapidement à nu – émotionnellement et physiquement – et par la suite il est malheureusement impossible de reprendre ce qui a été dévoilé dans l’intimité. Cela ne nous appartient plus. Nous avons partagés ces moments avec quelqu’un en qui nous croyions avoir confiance. Tout le sentiment de trahison entre en jeu.
Si je mets pour un instant le chapeau d’une sexologue, je me dois parler de la dimension sexuelle des relations amoureuses vécues à cet âge. Entre autres, les risques de plus en plus accrus d’infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) et des grossesses non-désirées. À l’adolescence, nos enfants n’ont pas la maturité suffisante pour penser à mettre le condom, car la plupart des adolescents croient que ce genre de malchance n’arrive qu’aux autres… c’est le syndrome de la pensée magique! Je fais un apartheid ici pour mentionner que si mes collègues sexologues me lisaient en ce moment, ils seraient assez mécontents de ce que je viens de dire! Mais il n’y a qu’à voir les chiffres pour réaliser que la prévention qu’on s’efforce de faire depuis des années ne fonctionne pas trop bien. Donc, je persiste et je signe!
Les ados ont peur de se faire rejeter, alors ils acceptent de faire des compromis. À cet âge ingrat, on ne se connaît pas beaucoup. On ne sait pas ce qu’on veut et on est prêt à accepter toutes sortes de choses dans nos vies, surtout au nom de l’amour. On n’a pas assez confiance en soi pour s’affirmer. Les gars veulent prouver leur masculinité, les filles veulent simplement se sentir aimées. Ils sont prêts à tout pour obtenir l’acceptation des autres dans leur vie. Si s’ouvrir rapidement émotionnellement est douloureux après coup, s’ouvrir à l’autre physiquement l’est d’autant plus.
Lorsque l’on donne ce que nous avons de plus intime – notre nudité et notre pureté sexuelle – nous sommes vulnérables plus que jamais!
Et quand la personne que nous pensions aimer jusqu’à la mort nous rejette par la suite, quand le moment ne se passe pas comme on s’imaginait ou quand la relation n’est pas saine et que la sexualité devient une façon de manipuler l’autre, ça nous brise en mille morceaux. Déjà, on part dans la vie avec des handicaps émotionnels. On rajoute des boulets à nos pieds. Des boulets qui ne sont pas nécessaires à cet âge.
Tout ça pour dire qu’en tant que parents, nous savons déjà tout ça. Nous l’avons appris à la dure… voilà pourquoi nous voudrions tant éviter ce parcours du désert à nos chers petits amours. Au fond, ce qui est dommage et frustrant en quelque sorte, c’est que les jeunes filles et les jeunes garçons ne semblent jamais croire que leurs parents peuvent leur enseigner bien des choses, et ils foncent tête la première dans les problèmes. Entre parents on appelle ça « se faire de l’expérience ». Pour se consoler on se dit que c’est une étape normale de leur apprentissage. Que c’est une étape obligée de leur développement de soi.
Mais la Bible en dit quoi? Très simplement, la Bible affirme que la sexualité doit s’exprimer au sein d’un cadre bien précis, c’est-à-dire entre un homme et une femme mariés et monogames.
« C’est pourquoi l’homme quittera père et mère pour s’attacher à sa femme, et ils deviendront tous deux un seul être. » (Genèse 2.23-24).
« Ainsi, ils ne sont plus deux mais un seul être. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni. » (Matthieu 19.6).
«Si ceux qui ne sont pas mariés manquent de continence, qu’ils se marient ; car il vaut mieux se marier que de brûler. » (1 Corinthiens 7.8-9)
« Que le mariage soit honoré de tous et le lit conjugal exempt de souillure, car Dieu jugera les débauchés et les adultères » (Hébreux 13.4).
En terminant, je comprends maintenant que mon désir de vivre une relation amoureuse à l’époque était le reflet d’un manque de confiance en moi, et découlait d’un besoin de plaire aux autres pour me prouver ma valeur. Et je rajouterais aussi – élément important – que mon désir intense d’être aimée découlait d’un manque de confiance en Dieu, en son plan parfait pour ma vie et en ses raisons de me conseiller de m’abstenir tant que je ne serai pas prête à me marier. Je ne dis pas que le désir d’être en couple est anormal, loin de là, mais seulement qu’à cet âge il est souvent motivé par un désir égoïste et malsain. On veut être en couple pour nous et non afin d’aider l’autre à devenir une meilleure personne, ce qui est contraire à la définition de l’amour biblique qui stipule que « l’amour est patient, il est plein de bonté, l’amour n’est pas envieux, l’amour ne se vante pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il ne soupçonne pas le mal, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité, il pardonne tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout » (1 Corinthiens 13.4-7).
Ceci étant dit, mon désir le plus cher est qu’avec l’aide de Dieu nous pourrons, Olivier et moi, élever nos enfants afin qu’ils comprennent cela très tôt et afin de leur éviter bien des souffrances inutiles!
« Je vous en conjure, filles de Jérusalem, Par les gazelles et les biches des champs, Ne réveillez pas, ne réveillez pas l’amour, Avant qu’elle le veuille » (Cantique des Cantique 3:5).
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